L’enjeu est fort pour les collectivités rurales : réussir à enclencher une évolution des villages vacances à la campagne, vers des offres renouvelées et attractives pour les clientèles et pour les opérateurs touristiques, faute de quoi elles risquent la fermeture de leur hébergement et la perte d’un moteur économique.
Des villages vacances difficiles à faire évoluer, particulièrement sur les territoires ruraux
Les villages vacances ont été créés pour la plupart dans les années 60 et 70 afin de permettre à des familles de partir en vacances dans des hébergements sécurisants et accessibles en termes de prix. Ces équipements ont également permis à des territoires ruraux de développer le tourisme. Nombre de villages vacances sont aujourd’hui essentiels à la bonne économie de villages ou petites villes de campagne. Leurs séjours alimentent les fournisseurs, commerçants et prestataires d’activité aux alentours.
Mais force est de constater que ce modèle d’hébergement, qui était adapté aux enjeux des années 60 à 80, pose un certain nombre de questions aujourd’hui, auxquelles les collectivités rurales sont particulièrement confrontées :
- Des logements collectifs à la campagne ? Oui mais avec des équipements et des services à la hauteur ! Les villages vacances sont le plus souvent composés de gîtes mitoyens et groupés ou d’appartements, là où les attentes clientèles vont plutôt, pour les destinations campagne, vers des habitats individuels offrant une certaine intimité, une promesse de calme et de connexion à la nature. Pour rendre une offre collective attractive, il faut alors que les services et équipements suivent : restauration, piscine, espace bien-être, espaces de convivialité et d’activité. Autant d’évolutions et d’investissements à apporter à ces offres pour bien les positionner sur les marchés.
- Une grande capacité d’accueil ? Oui mais à la condition de pouvoir la commercialiser correctement et sur une période suffisamment longue ! La capacité d’accueil des villages vacances est élevée. Remplir plus de 150 ou 200 lits dans des destinations rurales encore confidentielles n’est pas simple mais est pourtant nécessaire pour couvrir les frais d’exploitation et les charges financières liées aux investissements. Le recours à un opérateur professionnel disposant des moyens ad hoc (services marketing, commercialisation, relation clients…) est indispensable.
- Confier la gestion du village vacances à un opérateur ? Oui, bien sûr, mais lequel et dans quelles conditions ? C’est bien là que réside la clé de la réussite. Il s’agit pour les collectivités rurales à la fois d’anticiper le projet d’évolution de l’hébergement et d’être actif dans le suivi et la relation avec l’opérateur.
Anticiper la rénovation est un facteur de motivation de l’opérateur et va permettre de l’associer à la réflexion et de trouver des partenariats et des financements intéressants.
Suivre son équipement et l’opérateur en place est essentiel. En ne portant pas suffisamment d’intérêt à leurs équipements, les collectivités risquent gros : récupérer un équipement en mauvais état car mal entretenu et qui ne dispose plus de fonds de clientèles car les jours d’ouverture ont progressivement fondu. Ce sont bien les tendances que l’on observe depuis quelques années, avec un désintéressement des principaux opérateurs nationaux du tourisme social vis-à-vis des destinations campagne. La pente est alors difficile à remonter ! Anticipation et suivi sont les maîtres mots.
Des solutions existent, avec de belles opérations de rénovation ou de transformation
Les créations de villages vacances à la campagne sont rares et les opérations portent davantage sur les rénovations d’hébergements existants et vieillissants.
On peut tout de même citer un exemple de création et de mauvaise programmation d’un équipement récent dans le Cézallier : un village vacances de 274 lits, dont la création a été pensée avec l’opérateur de gestion (association historique du tourisme social) inauguré en 2014 et qui cumule en 2023 2,4 M€ de dettes. Les causes sont multiples mais peuvent être identifiées : un surdimensionnent de l’équipement par rapport à la destination et à la capacité de commercialisation de l’opérateur, des charges d’exploitation trop lourdes notamment en matière de chauffage avec une chaufferie bois dédiée elle aussi surdimensionnée et mal adaptée. Cet exemple souligne l’importance pour la collectivité de prendre du recul sur son projet, de le dimensionner correctement et d’adapter les équipements afin d’éviter de mettre le futur gestionnaire en difficulté. L’intervention d’un tiers conseil est vivement recommandée 😉
Mais penchons nous plutôt, pour conclure, sur de belles réalisations !
Haute Corrèze Communauté a engagé en partenariat avec l’opérateur VVF une requalification et une évolution de son village vacances situé en bordure du lac de l’Abeille. Un investissement de 4 millions d’euros porté à 50/50 par l’opérateur et la collectivité qui a permis de moderniser la totalité du site, de créer un espace bien-être supplémentaire et de proposer 6 logements flottants, renouvelant ainsi l’image de la destination.
La communauté de communes de Cayres Pradelles en Haute-Loire a engagé en partenariat avec l’opérateur Miléade un projet d’investissement de plus de 5 millions sur le village vacances d’Alleyras pour agrandir les espaces communs, réhabiliter les gîtes existants et diversifier son offre par l’ajout de 19 nouveaux lodges. La collectivité porte 4,5 millions subventionnés à hauteur de presque 60% par l’Etat, la Région et le Département et Miléade a investi près de 1 million d’euros dans les nouveaux lodges.
Enfin certains villages vacances, considérés comme obsolètes et trop coûteux à rénover, ont été transformés en d’autres typologies d’hébergements qui continuent d’assurer l’attractivité et le dynamisme des territoires concernés : jetez donc un coup d’œil au village forestier Nutchel de Plaine en Alsace ou au Cosy Camp de Chamalières sur Loire en Haute-Loire : la création de sites insolites ou de campings glampings en lieu et place d’anciens villages vacances permettent de s’adresser à des clientèles renouvelées et d’être en phase avec les aspirations marchés montantes pour les destinations campagne.
La preuve que des destinations campagne éloignées des spots touristiques que sont les stations de montagne ou littorales ont toutes leurs chances d’engager un futur prometteur pour leurs hébergements à la condition d’anticiper les projets d’évolution et de savoir nouer de bons partenariats avec les opérateurs.
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